L'Aigle jacobin

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Administration


La juste imposition, essence de la République

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« Je jure […] de ne lever aucun impôt, de n'établir aucune taxe qu'en vertu de la loi […] » déclara l’Empereur le 28 floréal an XII. Treize ans plus tard, la constitution du 2 floréal XXIII précisait, en son article 36, que « toute proposition d'impôt, d'emprunt, ou de levée d'hommes, ne peut être faite qu'à la Chambre des représentants », c’est-à-dire uniquement avec le consentement des représentants du Peuple.         
Ces affirmations impériales trouvent leur source dans l’étymologie même du substantif « républicain ». En effet, si le publicain est celui qui était chargé du prélèvement de l’impôt, le républicain n’est-il pas celui qui doit veiller, d’une part à ce que cette perception soit la plus juste possible et d’autre part à répartir au mieux le produit de ladite perception ?

Au-delà du lien consubstantiel qu’entretient la République avec l’impôt, il est bien évident que ce dernier est nécessaire à la bonne marche de l’Etat. Certes, il est toujours possible de se livrer à quelques expédients pour des besoins ponctuels. Je pense ici aux partenariats public-privé notamment, partenariats que la doxa libérale érige en pratique récurrente, incontournable et massive. Néanmoins, nous jacobins, qui souhaitons que l’Etat puisse agir partout où est la Nation, ne pouvons point nous satisfaire de telles pratiques. Ainsi, l’argent public est nécessairement le produit de l’impôt, c’est-à-dire de la volonté de tous les citoyens de contribuer à l’intérêt général de la France.

 

 

Une imposition directe nécessairement progressive

 

 

En matière d’imposition, qu’elle soit directe (impôt pour lequel il y a identité entre l’assujetti (celui qui doit d’après les textes s’acquitter de l’impôt) et le redevable (celui qui est en dette par rapport au fisc et qui supporte le coût du paiement[1])  ou indirecte, il convient de distinguer l’imposition proportionnelle et l’imposition progressive.            


L’imposition proportionnelle fonctionne avec un taux fixe, applicable à tous. Les économistes classiques diront que puisqu’il s’agit d’un taux et non d’un montant précis, l’égalité de tous les citoyens devant l’impôt est respectée. Il est vrai que 10 % de 1 000 francs, soit 100 francs, représentent moins en valeur absolue que 10 % de 20 000 francs, soit 2 000 francs. Néanmoins, les orléano-girondins qui font cette analyse oublient de préciser que ce pourcentage d’imposition s’appuie sur des revenus qui sont, eux, bien différents. Ainsi, pour la personne qui ne gagne que 1 000 francs par mois, les 100 francs prélevés seront bien plus durement ressentis que les 2 000 francs demandés à celle gagnant 20 000 francs, même si elles ont toutes les deux versé 10 % de leur salaire.        
           
Pour un authentique républicain, l’imposition directe, sur le revenu, ne saurait donc être proportionnelle et se doit d’être  progressive. Avec la progressivité, il n’y a plus de taux unique mais des seuils qui varient en fonction des ressources dont dispose chaque citoyen. À mon sens, ce mode d’imposition peut cependant conduire à deux écueils principaux :    
- l’effet de seuil qui pourrait conduire certains à ne pas vouloir s’élever davantage dans la société (le passage à une tranche d’imposition supérieure annihilant le gain financier engendré par une hausse de salaire) ;           
- l’impôt progressif est moins efficace car beaucoup de contribuables ne gagnent pas assez pour être imposables.

Le premier problème peut se régler en augmentant considérablement le nombre de tranches d’imposition pour limiter le « choc fiscal » occasionné par le passage de l’une à l’autre. Les cinq tranches actuelles de l’impôt sur le revenu sont donc clairement insuffisantes.  
La seconde limite est plus problématique car elle est plus difficile à contourner. En effet, l’efficacité relative de l’impôt progressif est aussi ce qui en fait un impôt juste. Il convient donc de bannir la proportionnalité de l’imposition directe sur les salaires pour ne la réserver qu’à la fiscalité indirecte.

 

 

Une imposition indirecte proportionnelle et sélective

 

 

Dans la mesure où la seule imposition directe retenue est progressive et donc insuffisante pour alimenter les caisses de l’Etat, d’autant plus qu’elle ne concerne que les revenus, il est indispensable de la compléter par une imposition indirecte proportionnelle sur les biens et services. Un tel choix étonnera sûrement mes lecteurs puisque j’ai dénoncé plus haut les effets des impôts proportionnels. En effet, ils sont inégaux, car plus on est indigent, plus on en ressent les effets. Néanmoins, cela n’est vrai que lorsque ces impôts frappent l’ensemble des biens et services, y compris ceux de consommation courante, comme c’est le cas avec la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).

 

Pour que ce nouvel impôt proportionnel et indirect puisse contribuer à un système fiscal plus juste, il est impératif qu’il ne soit pas appliqué aux articles les plus couramment achetés, le fameux « panier de la ménagère ». Toutefois, j’estime qu’il faut étendre cette non-application à tous les produits qui permettent la satisfaction des besoins primaires (nourriture, santé et logement). Le but est simple : éviter que ce nouvel impôt n’afflige les plus modestes, comme c’est le cas de l’actuelle TVA.

 

Il conviendra donc de dresser l’inventaire de l’ensemble des activités auxquelles les citoyens les plus riches peuvent s’adonner et de les découper en « tranches de besoin », qui se verront elles-mêmes attribuer un taux unique d’imposition (d’où le caractère proportionnel de ce nouvel impôt). Plus la tranche de besoins s’éloignera des préoccupations primaires, plus elle sera marquée par un taux d’imposition important.

 

Ne nous méprenons pas, il ne s’agit nullement de punir les citoyens les plus riches, mais bien de favoriser les plus humbles. L’enrichissement personnel n’est pas à blâmer car plus on est riche, plus on peut participer à la félicité nationale. Les classes équestres et sénatoriales n’avaient-elles pas l’honneur d’être les mieux armées pour défendre les intérêts de Rome ? C’est donc un esprit d’évergétisme contemporain qu’une juste imposition doit contribuer à développer chez les citoyens les plus aisés. Ces derniers ont toute leur place dans la Nation car ils la font prospérer, mais ils doivent se souvenir qu’au-delà de la richesse, ils sont en tous points égaux aux autres et c’est bien là que doit résider leur sublime orgueil.

           

 

 

En somme, le système fiscal jacobin pourrait se résumer de la façon suivante : une imposition directe progressive sur les revenus, associée à une imposition indirecte proportionnelle et sélective sur les biens et services, pour garantir à l’Etat les moyens, non seulement de son maintien, mais également de son expansion.

 

« Ce n’est point l’impôt qui nous fait citoyens ; la qualité de citoyen oblige seulement à contribuer à la dépense commune de l’État, suivant ses facultés. »    
Robespierre, le 6 pluviôse, an - II de la République française.

 

 

 

Charles-Louis Schulmeister, 

Le 27 fructidor de l’an CCXXVII de la République française



[1] D’après le site https://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/finances-publiques/ressources-depenses-etat/ressources/quelle-est-difference-entre-impots-directs-impots-indirects.html.


14/09/2019
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Vers l’armée jacobine

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Lorsque l’on croit aux vertus de l’État, comme c’est évidemment le cas de tout jacobin qui se respecte, il est impossible de ne pas traiter de la question militaire car, bien souvent, de la façon dont on appréhende cette dernière, dépend la survie même de la Nation. Il suffit de se rendre dans la cour d’honneur des Invalides pour s’en rendre compte. N’est-il pas inscrit, sur chacune des vénérables bouches à feu présentes, la devise suivante : « ultima ratio regum », littéralement « le dernier argument des rois »? Cette expression de Richelieu est si éloquente qu’elle ne nécessite aucune explication. Certes, la monarchie n’est plus, mais la République, forme sublimée de la France, doit-elle pour autant tirer un trait sur cet héritage pluriséculaire ? Nous sommes républicains, mais point nihilistes pour autant et nous savons qu’en matière de rapport de force entre États, ce qui était valable sous l’Ancien Régime l’est encore aujourd’hui. C’est pour cela qu’il nous faut réfléchir au rôle que l’armée devra jouer au service de la République jacobine, mais aussi à la latitude d’action que l’on souhaite lui conférer.

 

 

 

La Défense : vertu cardinale de l’armée républicaine

 

Certains peuvent penser qu’évoquer un ministère de la Défense ou bien un ministère de la Guerre revient au même. Je suis intimement convaincu du contraire. La défense est une tâche sacrée pour tout patriote, puisqu’elle sous-tend la protection du sol national. En revanche, « la guerre » est un substantif ambivalent puisqu’elle peut être défensive ou offensive. Il est évident que la deuxième occurrence n’est pas acceptable pour un jacobin dans la mesure où, comme le disait Robespierre « Personne n’aime les missionnaires armés ; et le premier conseil que donnent la nature et la prudence, c’est de les repousser comme des ennemis. ». Rappelons que cette phrase est extraite de son discours… sur la guerre. La chose est donc entendue, une conception républicaine de l’armée est nécessairement défensive.

 

Pour autant, la France doit être capable de défendre ses intérêts au-delà de ses seules frontières nationales, pour prêter assistance à une nation sœur ou bien pour garantir l’accès à des ressources vitales pour le pays. Notre modèle militaire doit donc pouvoir assurer la protection de la Patrie, mais également être doté d’une capacité de projection raisonnable. Il ne s’agit donc pas de disposer d’une dizaine de flottes aéronavales comme les États-Unis, d’une part cela n’est pas envisageable financièrement et d’autre part nous adopterions alors, nous aussi, un paradigme guerrier totalement étranger à l’universalisme français qui nous anime. Il est impossible de dresser une liste précise des moyens indispensables à notre armée. Toutefois, je pense qu’il nous faudrait pouvoir intervenir concomitamment sur deux théâtres d’opérations, tout en garantissant la sûreté du territoire français. Je doute, hélas que cela soit possible aujourd’hui, compte-tenu des effectifs dont nous disposons et surtout de la vétusté du matériel, je pense notamment aux véhicules de l’avant-blindé (VAB) et à la fournaise qui peut régner dans leur habitacle.

 

 

L’armée comme outil de promotion sociale

 

Jadis, le service militaire permettait à toutes les couches sociales de se retrouver pour faire France. Aujourd’hui, il n’est plus. Même s’il n’est officiellement que suspendu depuis 1997, il ne sera pas possible de le rétablir sous sa forme originelle en raison de la technicité qu’impose une armée contemporaine. Nous autres, thuriféraires de l’armée de l’an II et de la levée en masse, devons bien nous y résoudre, le maniement d’un fusil d’assaut de type bullpup, comme l’est le FAMAS, nécessite un apprentissage bien plus conséquent que le fusil Charleville modèle 1777 en son temps. Le principal défi d’une armée jacobine est donc de concilier promotion sociale et capacité opérationnelle.

 

C’est pour cela qu’il faut rétablir un service militaire mais considérablement rénové. À mon sens, l’apprentissage de la vie en collectivité induite par le casernement est fondamentale. Je reste persuadé que ce dernier renforce le collectif, sans nier pour autant les individualités. Néanmoins, si l’acquisition d’une culture militaire est primordiale pour retrouver le lien armée-nation, il serait absurde d’envisager le service militaire comme un moyen de former un contingent opérationnel, en raison de la tekne, évoquée plus haut, que cela exige. C’est d’ailleurs cette réflexion qui a guidé le Général dans l’écriture de son ouvrage Vers l’armée de métier. Bien évidemment, le service militaire permettra à tous de se familiariser avec le monde de la Défense et il devra continuer à être une porte d’entrée pour ceux qui voudront faire carrière au sein de la Grande muette. Pour la majorité des jeunes, il s’agira plutôt d’allier découverte de la culture militaire et stage dans l’univers professionnel de leur choix. Ainsi, les citoyens les plus brillants pourront prendre conscience des difficultés rencontrées par leurs camarades, tandis que les autres pourront amorcer un parcours professionnel, tout en ayant conscience d’appartenir à une communauté de destins.

 

 

Retrouver une indépendance stratégique

 

Il va de soi que l’armée française a pour vocation principale de défendre la France. C’est pour cela que les multiples livres blancs, consacrés aux questions militaires, n’ont cessé d’affirmer qu’« attribut essentiel de la Nation, la souveraineté est un fondement de la sécurité nationale. En affirmant dans son article III que « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en n’émane expressément », la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen souligne que le maintien de la souveraineté nationale est une responsabilité essentielle du pouvoir politique. » (Livre blanc de Défense et de sécurité nationale de 2013).

 

À la lecture de cet extrait, on ne peut qu’être rassuré quant à notre indépendance stratégique. Malheureusement, ce même livre blanc dit aussi la chose suivante : « En réintégrant les structures du commandement intégré de l’OTAN, la France a entendu reprendre toute sa place dans le fonctionnement d’une organisation dont elle est l’un des membres fondateurs. ». En outre, nous sommes également liés par la politique de sécurité et de défense commune européenne, alors que chacun sait bien qu’il ne s’agit que d’un mirage, datant non pas de 2000 mais bien de 1954. Comme jacobin, j’affirme que prétendre être souverain, tout en étant sous le joug d’organisations militaires belliqueuses, dont le seul but est de défendre une supposée civilisation occidentale face au reste du monde, est au mieux un non-sens, au pire une trahison de l’idée républicaine. Pour retrouver une pleine et entière indépendance stratégique, nous devons donc sortir de ces machins et ne reconnaître comme seul acteur international légitime que l’organisation des nations unies.

 

 

Garantir notre autonomie opérationnelle

 

Tout observateur de l’actualité militaire a suivi l’affaire du remplacement du FAMAS par le HK 416. Certes, le premier était fabriqué en France, tandis que le second est de conception prussienne (le HK 416 est une réalisation de la firme Heckler & Koch) mais après tout, il ne s’agit que d’un fusil ! Malheureusement, ce changement d’arme est révélateur d’une profonde crise de notre complexe militaro-industriel. Ainsi, au-delà d’une présentation peu convaincante par l’armée (https://www.youtube.com/watch?v=mHvRFjk3Ei8), le fait qu’une nation avec une histoire militaire aussi riche que la nôtre ne puisse même plus concevoir son propre armement principal me semble préoccupant. Certains diront qu’il nous reste le Rafale et le Leclerc, mais le président de la République ne vient-il pas de lancer le projet « d’avion de combat du futur » en collaboration avec la Prusse ? Quant aux chars, le salon de l’armement terrestre Eurosatory de 2018 fut l’occasion pour Nexter et son homologue outre-Rhin, de présenter leur création commune : l’Euro Main Battle Tank. Il nous reste tout de même le système FELIN (Fantassin à Equipements et Liaisons Intégrés) produit par Safran sur notre sol… jusqu’en 2014 !


On le voit bien, notre complexe militaro-industriel est en lambeaux. Comment être indépendants si nous dépendons d’autres puissances et notamment de l’Allemagne, pour entretenir le matériel de notre armée… sans compter le fait que les faiblesses et les forces de nos principaux véhicules seront désormais parfaitement connues par nos voisins.

Il ne faut pas se faire d’illusion, nous ne pourrons pas rétablir la situation en un jour, la restauration d’une industrie militaire de pointe et reconnue comme telle internationalement, ne pourra se faire que sur le temps long. Évidemment, l’État devra mener une politique volontariste de soutien technologique et économique, mais cela ne suffira pas. Il faudra aussi et surtout récupérer des compétences et des savoir-faire irrémédiablement perdus et cela demandera du temps. Toutefois, cette démarche est impérative si l’on souhaite retrouver une puissance militaire digne de ce nom qui nous permettra, à nouveau, de peser sur le sort du monde.

 

 

Charles-Louis Schulmeister, 

Le 8 messidor de l’an CCXXVII de la République française 


27/06/2019
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Pour la républicaine

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Une nouvelle fois, je republie sur le présent blog un article avec l’accord de son auteur. J’ajouterai toutefois que si je comprends la volonté de l’auteur d’utiliser le terme « Éducation nationale » pour coller à la réalité, je pense tout de même qu’il faudrait plutôt évoquer l’Instruction nationale. La différence entre ces deux termes est de taille. L’éducateur inculque des pratiques à reproduire pour mieux se conduire en société. L’instructeur, ou le professeur, enseigne des savoirs qui permettront à l’élève de s’élever intellectuellement. En somme, là où l’éducateur sert le groupe en faisant en sorte que chacun adopte une conduite uniforme, sans pour autant en apprécier la nécessité, l’enseignant élève l’individu et permet ainsi à chacun de connaître tous les rouages de cette société à laquelle il appartient.

Ce titre est bien évidemment une référence au fameux texte de Jaurès de 1892, intitulé Pour la laïque. Ce texte a pour objectif de proposer des pistes de réflexion pour refonder notre École sur des bases réellement républicaines et n’a aucune prétention à l’exhaustivité. En outre, beaucoup trouveront, sans doute avec raison, que ce texte est trop théorique voire utopique. Après tout peu importe, puisqu’il a pour but essentiel de provoquer un débat au sein des Républicains, qu’ils viennent de la droite ou de la gauche.




L’instruction en danger


Avant d’entreprendre de nouvelles réformes, il nous faut considérer l’actuel cadre de l’Éducation nationale. La clé de voûte du système actuel, c’est le fameux « collège unique ». Bien qu’il ait vu le jour sous le règne d’un orléaniste notoire, j’entends défendre cette institution de notre système éducatif. En effet, l’égalité est l’un des principes fondateurs de l’idée jacobine. Pourrait-on encore parler d’invisibilité du Peuple si les citoyens qui le constituent étaient formés de manière différente ? Pour ma part, je souhaite donc préserver un « socle commun », comme l’a dit un jour un homme qui, jadis, croyait en la grandeur de la France. Il est donc indispensable que tous les élèves aient une formation semblable, au minimum jusqu’à la troisième, même si à terme, l’émergence d’un baccalauréat général unique me semble souhaitable. Toutefois, être sensible à l’égalité ne signifie pas être naïf. De nos jours, ce collège unique est devenu au mieux une coquille vide, au pire un moyen de masquer les inégalités criantes qui accablent le pays. Sous bien des aspects, le collège unique est donc devenu le collège inique. En effet, qui y a-t-il de commun entre un grand lycée parisien et un collège baptisé hypocritement « ambition réussite » ? Bien peu de choses en réalité, on trouve des agrégés dans les premiers tandis que les seconds ne disposent que de certifiés, qui ne déméritent pas pour autant. Mais ce qui est le plus révoltant pour un authentique jacobin, c’est l’inégalité des programmes enseignés. Si les établissements les plus prestigieux peuvent se permettre de dépasser largement le cadre du programme en l’approfondissant, les moins favorisés ne sont pas en mesure de l’enseigner aux élèves. À terme, ce sont les programmes des grands lycées qui devront être la norme, il n’y a aucune raison pour que l’excellence républicaine soit la chasse gardée de la haute bourgeoisie. À ce titre, il faut tout de même noter la salutaire évolution des programmes d’histoire, qui redonnent une place non négligeable à l’histoire politique qui reste, qu’on le veuille ou non, la matrice de l’Histoire. Si nous réussissons à homogénéiser les programmes, il faudra veiller à une stricte application de la carte scolaire. Il convient de faire cesser ces inégalités au plus tôt, mais cela prendra du temps puisque la question éducative est très étroitement liée à la question sociale, comme nous le verrons plus tard dans notre réflexion.

Il est vrai que l’avènement d’un véritable collège unique est encore loin. Il nous faudra donc nous armer de patience et de courage pour y arriver, les corporatismes et les inégalités sociales devront être vaincues. Toutefois, il ne faudrait pas occulter une réalité : de nombreux élèves, quel que soit leur établissement d’origine, ont parfois bien du mal à suivre une scolarité digne de ce nom. Que faire de ceux-ci, les rejeter en dehors du système pour en faire des sous-citoyens et adopter le darwinisme social comme doctrine éducative ? Si certains peuvent être tentés par cette solution de facilité, la République ne saurait s’en satisfaire. Ce qu’il convient de généraliser, ce sont les établissements qui visent à maintenir les futurs citoyens dans la filière générale. Ce système existe, il s’agit des R.A.S.E.D. (réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté). Malheureusement, ces classes ont été insuffisamment développées. Un régime jacobin se devra d’en faire la promotion, afin que chacun puisse sortir de la caverne, pour reprendre l’allégorie de Platon.



L’émancipation par la Nation


Afin de parler à l’ensemble de l’Univers, telle est la mission des Français, il convient de pouvoir maîtriser le langage des autres peuples, c’est une évidence. Cependant, avant de communiquer avec l’autre, il convient de savoir qui l’on est et d’où l’on vient, « connais-toi toi-même » disait Socrate. C’est pour cette raison qu’il faut, dans le premier degré, supprimer les langues étrangères, quelles qu’elles soient, au profit de l’Histoire et du Français qui demeure, jusqu’à preuve du contraire, la langue de la République. En revanche, l’enseignement de ces langues garde évidemment toute sa pertinence au collège ainsi qu’au lycée. C’est en ayant une meilleure connaissance de leur culture nationale que les futurs citoyens pourront ensuite dialoguer avec l’ensemble des peuples. En effet, comment peut-on aimer l’autre si l’on ne s’aime pas soi-même ? Comme le disait Régis Debray, pour accueillir quelqu’un chez soi, encore faut-il qu’il y ait une porte, pour ne pas dire une frontière.

Toutes les écoles, que dis-je, toutes les classes de la République devraient être pourvues d’un drapeau tricolore et d’une Marianne. Bien entendu, ce sont là des symboles, ils ne valent rien pour eux-mêmes mais constituent des référents patriotiques pour tous les élèves de la République. L’enfant de l’école élémentaire regardera ces symboles d’un œil intrigué. À quoi cela correspond-t-il se demandera-t-il, fort justement. L’élève de lycée, lui, considérera sa propre conduite et devra se demander si elle est conforme à la Vertu et à l’Honneur, qui sont les principes qui doivent animer tout citoyen. En contemplant ces glorieux symboles, il comprendra que son intérêt particulier n’est rien en comparaison de l’intérêt général, celui du Peuple tout entier pour ne pas dire indivisible.


Ces deux symboles constitutifs de notre roman national, s’ils sont nécessaires, ne sont toutefois pas suffisants à mon sens.  Il convient en effet d’y ajouter le retour de l’uniforme. Alors j’entends déjà ces « combattants qui m’interpellent », comme le disait Jaurès, me rétorquer que l’uniforme est un archaïsme, qu’il empêche l’élève de s’épanouir pleinement. Je voudrais répondre à ces gens que l’uniforme permet, tout comme le drapeau et Marianne, de s’identifier pleinement à la Nation. Un citoyen qui sert la Nation ne sert-il pas au fond l’individu qu’il est également ? De plus, l’uniforme peut permettre aux élèves  de ressentir la gloire de la France, pour ce faire, il devra cependant revêtir les trois couleurs qui sont si chères à nos yeux. Le style de cet uniforme pourrait donc tout à fait être inspiré de celui que portaient les fameux soldats de l’an II, si importants pour nous jacobins. Ainsi, l’esprit de corps nécessaire à l’émergence de toute fraternité républicaine pourrait voir le jour.

 

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Pour une pédagogie jacobine

Nous avons vu les mesures générales qu’il convenait de mettre en œuvre. Toutefois, ces mesures ne concernent que l’épanouissement intellectuel de l’élève. S’il est vital, il doit également s’accompagner d’un développement physique. Bien évidemment, il ne s’agit pas de faire des élèves des machines à tuer prêtes à servir le premier totalitarisme venu, bien au contraire. Pour contrôler sa force, un citoyen doit avant tout en connaître toute l’étendue. Il est vrai que cela va à l’encontre de la morale bourgeoise qui a tendance à évacuer la violence de la société : cela n’est pas convenable. Toutefois, n’en déplaise à certains conservateurs tenant d’un « ordre moral », la violence entre êtres humains est un fait. L’École de la République se doit d’en prendre acte et de faire en sorte que les futurs citoyens expriment cette violence, afin qu’elle soit canalisée. Les arts martiaux me semblent particulièrement pertinents dans un tel cadre. Toutefois, pour se prémunir définitivement de toute dérive fascisante du sport à l’École, il convient d’en faire comprendre aux élèves tous les enjeux intellectuels qu’il implique. Le sport, s’il doit permettre une canalisation de la violence, doit ainsi être un moyen de faire comprendre aux élèves comment de grands principes stratégiques peuvent se retrouver dans une activité en apparence aussi banale. Ne retrouve-t-on pas certains principes énoncés par Sun Tzu dans le Judo ?

Jusqu’à présent nous n’avons pas encore remis en cause le système pédagogique dominant à l’heure actuelle. Système dont Philippe Meirieu est l’un des principaux représentants. Il ne s’agit bien entendu pas de jeter l’anathème sur telle ou telle personne, mais bien de critiquer ce système pour lui-même. Pour être succinct, ce système a été maintes et maintes fois critiqué par les Républicains, il s’agit du Pédagogisme. Le danger de ce courant pédagogique, c’est que sous prétexte de s’occuper du bien-être de l’élève, de « l’apprenant » comme ils disent, ils le font en réalité courir à sa perte. En somme, ce serait l’élève qui devrait être au centre de la pédagogie afin qu’il devienne autonome. Si une telle proposition peut sembler en apparence séduisante, elle repose sur une contradiction majeure. Puisque le futur citoyen est en position « d’apprenant », c’est donc qu’il ne sait pas comment apprendre. S’il ne sait pas comment apprendre, il se tournera donc en priorité vers ses centres d’intérêt premiers, quitte à négliger bien des aspects, qui seraient en fait bien plus dans son intérêt. On l’aura compris, une telle idée n’est pas républicaine puisque les élèves, n’ayant pas le même niveau d’instruction initiale, seront inégaux devant « l’offre pédagogique ». Ce qu’il faut, c’est replacer le savoir au centre du système. Le professeur doit donc être regardé comme un Prométhée contemporain, chargé de transmettre le feu sacré de la connaissance aux futurs citoyens. S’il est difficile d’énoncer des propositions précises pour arriver à un tel résultat, la restauration de l’autorité du maître et le rétablissement d’une discipline de fer, digne de celle qui régnait dans l’armée de Frédéric II de Prusse, me sembleraient être un bon début.



L’école comme temple sacré du savoir

À mon sens, l’une des faiblesses de notre système éducatif, c’est bien le cloisonnement entre les degrés qui le composent ou plus précisément entre le secondaire et le supérieur. S’il ne s’agit pas de faire des élèves, ni même des enseignants du second degré, des spécialistes de chaque question au programme, il serait utile que les professeurs aient une approche épistémologique des principaux thèmes abordés par le programme et ce dans chaque discipline. En Histoire, par exemple, une connaissance minimale de l’historiographie relative aux points cruciaux abordés pendant l’année devrait être exigée. Cela pourrait se faire sous forme de conférences données par des enseignants chercheurs à leurs collègues du secondaire. Ainsi, les maîtres seraient plus à même de juger de la pertinence et le cas échéant du parti pris du manuel utilisé mais également de répondre de manière plus satisfaisante aux questions des élèves. Voici donc des propositions pour faire de l’École une véritable institution émancipatrice. À présent, il nous faut évoquer la place mais aussi et surtout le rôle de l’École au sein de la République.

Les lecteurs les plus attentifs l’auront certainement remarqué, j’ai utilisé à de nombreuses reprises le terme de « futurs citoyens ». Cette dénomination n’est évidemment pas anodine. Elle permet en effet de se questionner sur ce que doit former l’École. S’agit-il de former des travailleurs ou au contraire des citoyens ? On l’aura compris, j’ai déjà répondu à cette question. L’École ne doit former que des citoyens et rien d’autre. Comme nous l’avons déjà vu plus haut, c’est bien le savoir qui doit être au centre de la pédagogie, pour la simple raison que c’est son acquisition et la capacité à le questionner, le doute cartésien, qui permet à l’élève de devenir un citoyen. Cela suppose que l’École devienne un véritable « sanctuaire » à l’abri des entreprises qui viennent y recruter. Alors, bien entendu, certains me diront que l’apprentissage est nécessaire pour notre système éducatif car il permet d’avoir un travail et donc d’échapper au chômage. Cela est vrai, je ne saurai le contester, mais enfin, tout de même, quelle vision à courte vue, quelle soumission au capitalisme, quelle négation du génie humain ! Un jacobin ne peut tolérer un tel système, untel serait condamné, par l’instruction qu’il a reçue, à n’occuper qu’un emploi subalterne alors que tel autre serait obligatoirement voué à devenir haut fonctionnaire ? Dans une démocratie républicaine, cela ne se peut. Il faut tendre vers une filière unique où chacun recevrait une même éducation jusqu’au baccalauréat, magnifique legs napoléonien, qui a fait des lycées une institution véritablement nationale. Ce n’est qu’après une scolarité au sein du « lycée unique » que les citoyens pourraient se distinguer. Tout le monde ne peut pas occuper les plus hautes charges, c’est un fait, mais la sélection doit s’opérer sur la méritocratie et sur la méritocratie seule. Pour s’en convaincre, rappelons-nous de l’article 5 de la Constitution de 1793 : « Tous les citoyens sont également admissibles aux emplois publics. Les peuples libres ne connaissent d'autres motifs de préférence, dans leurs élections, que les vertus et les talents. »

L’École doit donc être émancipatrice pour former des citoyens pleinement libres et éclairés en Raison. Néanmoins, il serait absurde de vouloir déconnecter la question éducative de la question sociale. Effectivement, même si cela est regrettable, l’École est bien souvent le reflet du lieu de vie du futur citoyen. Si la sanctuarisation, vis-à-vis des entreprises notamment, est plus que souhaitable, il ne faut pas considérer pour autant que l’École ne traduit jamais certaines normes sociales propres à certains milieux bien précis. Dans certains cas, ces normes sont jugées déviantes par la République, et dans bien des cas l’enseignant se retrouve démuni : comment faire comprendre au catholique qu’il n’a pas à arborer sa croix en cours, à la musulmane que son voile peut choquer ou encore au juif qu’il doit se découvrir en classe ? Plus que de laïcité, il est ici question de rites culturels, il convient de s’adapter à la coutume majoritaire : « si fueris Romae, Romano vivito more; si fueris alibi, vivito sicut ibi » (Si tu es à Rome, vis comme les romains; si tu es ailleurs, vis comme on y vit) comme l’a si bien dit Ambroise de Milan. Certes, l’enseignant peut demander à l’élève prosélyte, sans parfois même le savoir, d’enlever l’attribut gênant, mais alors il pourra être confronté à l’ire de la famille. Dans ce cas, comme dirait Lénine, Que faire ? Lorsqu’une telle situation arrive, le simple cas de l’élève est dépassé puisque c’est la cellule familiale tout entière qui se dresse contre l’École républicaine. Qu’est-ce qu’une famille si ce n’est la résultante d’une expérience sociale, d’un habitus comme dirait le funeste Bourdieu ? L’École et les enjeux qu’elle pose ne sauraient donc se limiter à eux-mêmes, il convient de les aborder avec l’ensemble des composantes de notre République. Il faut donc recréer du lien social dans les banlieues urbaines dites sensibles, mais aussi dans les déserts ruraux afin de restaurer la paix civile, préalable indispensable au bon fonctionnement de l’École.

 

 

 

Charles-Louis-Schulmeister,
Le 5 prairial de l’an CCXXVII de la République française


24/05/2019
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Pour une réforme territoriale au service de l’unité de la Nation

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En préambule, je tenais à préciser que ce texte a déjà été publié dans d’autres circonstances. Son auteur m’a donné son accord, non seulement pour le republier ici, mais également pour y apporter quelques nécessaires modifications.

La défense d’une république une et indivisible est, plus que jamais, d’actualité. Je suis en effet persuadé que si nous acceptons le morcellement de l’État que l’on ose nous proposer aujourd’hui, nous nous rendrions complices d’une forfaiture sans précédent : la fin de toute cohésion nationale.

Il nous faut restaurer un État centralisé. Cet État fut initié par Philippe le Bel, perpétué par les révolutionnaires de 1792 à 1815 et sublimé par le C.N.R. ainsi que par le Général. Aujourd’hui, nous sommes les dépositaires de cette merveilleuse machine administrative. J’affirme que l’État est une machine administrative car, dans une démocratie républicaine, il ne saurait être autre chose qu’un outil de coercition au service du Peuple souverain. Son seul but est donc d’assurer la sûreté, la concorde et le bonheur de la France. Hélas, cet État centralisé qui faisait jadis notre fierté a été avili. L’agglomérat orléano-girondin, au pouvoir depuis les années 1970, a en effet brisé et martyrisé l’État. Citoyens, la question à laquelle nous devons répondre est d’une simplicité sans pareil : saurons-nous le libérer ?

On ne gouverne les hommes qu’avec des symboles, c’est pourquoi j’estime qu’il faut commencer par exiger une modification de la constitution en vigueur. L’article premier de ladite constitution proclame que : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est DÉCENTRALISÉE. » Si l’on réaffirme, avec raison, l’indivisibilité de la République, comment pourrait-on accepter cet appel à la sédition que constitue la décentralisation ? N’en déplaise à un Poitevin célèbre, la France n’a pas besoin de la décentralisation « pour gagner » (contre elle-même ?). Il conviendra donc de remplacer cette odieuse phrase par celle-ci, bien plus respectueuse de l’État : « Son organisation est DÉCONCENTRÉE ». En outre, le titre XII Des collectivités territoriales , devra être considérablement remanié pour se conformer à la réforme territoriale exposée dans le présent texte. Le but dudit texte est d’exposer les changements induits par une telle modification constitutionnelle.

 

Les modestes propositions que je formule ici n’ont, bien entendu, aucun caractère exhaustif. Un citoyen ne saurait subvenir à lui seul aux besoins du Peuple français.  
En outre, je ne dispose pas d’un appareil statistique permettant de répondre au mieux aux aspirations du pays. En somme, je ne suis guidé que par ma propre réflexion. Toutefois, j’espère que mes lecteurs me pardonneront le faible nombre de ces modestes propositions, pour une raison au moins : ce texte répond à une situation d’urgence. Le gouvernement actuel a choisi d’aller encore plus loin dans la décentralisation. Étant donné que nous avons affaire à un « gouvernement de combat », il est de notre devoir de nous opposer à lui avec la détermination la plus absolue. En vertu de ce contexte, les pistes que je soumets ici à votre sagacité n’ont pour seul objectif que d’esquisser un projet territorial authentiquement jacobin. Il est évident que cette réflexion devra être poursuivie et complétée par d’autres citoyens.

 

Puisque la Patrie est en danger, comme en 1792, il nous faut marcher au canon sans plus attendre. À l’heure où le gouvernement veut favoriser de prétendues métropoles pour mieux abandonner le Peuple, il est au contraire impératif de renouer le lien entre l’État et le citoyen. La « réforme » envisagée  n’a pas d’autre fonction que d’affaiblir la France, pour mieux servir les intérêts des oligarques de Bruxelles. Les projets de décentralisation successifs n’ont effectivement qu’une finalité : faire surgir à nouveau les vieilles divisions qui ont tant affaibli la Nation. Nous, républicains, devons au contraire concevoir un découpage territorial qui rend hommage à l’Histoire de France. C’est en puisant des idées en son sein que nous pourrons soumettre aux Français une réforme à la fois audacieuse et réellement simplificatrice, à l’inverse des fallacieuses promesses des conservateurs de tous bords. Ces derniers n’ont en fait qu’un rêve : sous couvert de « moderniser » l’État, ils veulent le démanteler. 

 

 

 

Renouer le lien entre l’État et le citoyen

 

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Une fonction publique une et indivisible

           

Pour que l’État redevienne pleinement central, il convient de lui redonner le monopole de la fonction publique. Aujourd’hui, il y a en France trois fonctions publiques : la fonction publique d’État, la fonction publique territoriale et enfin la fonction publique hospitalière. Si l’on veut un  État fort, il est nécessaire de mettre un terme à cette ubuesque situation.

C’est pour cela que je propose la fusion de toutes les fonctions publiques existantes en une seule : la fonction publique d’État. Inévitablement, la question des statuts devra être tranchée. En authentiques républicains, nous ne pouvons défendre qu’un ordre émancipateur. En vertu de ce commandement, tous les citoyens fonctionnaires seront alignés sur le statut le plus favorable existant au sein de leur corps.

 

Le principe du guichet unique de l’État


Notre but doit être de mettre l’État au service du citoyen, dans l’esprit du code civil et non l’inverse. La seule démarche envisageable pour nous, les jacobins, est la déconcentration. Si la décentralisation consiste à abandonner le pouvoir à des féodalités locales, qui portent en germe la destruction de l’autorité centrale, la déconcentration est à l’opposé de ce funeste processus. En effet, le but de la déconcentration n’est pas de concurrencer l’État mais bien de le seconder sur l’ensemble du territoire national, l’objectif ultime étant que chaque citoyen puisse quérir un agent de l’État à proximité immédiate de chez lui, s’il le souhaite. Avec la déconcentration, les démarches administratives seront donc considérablement facilitées.

C’est pourquoi il faut instaurer le principe du guichet unique de l’État dans les préfectures, sous-préfectures et même, dans certains cas, dans les mairies isolées. Ce guichet devra s’occuper de toutes les démarches administratives quelles qu’elles soient. Avec ce nouveau mode de fonctionnement, le citoyen n’aura donc plus à s’adresser qu’à un seul guichet ou à un seul fonctionnaire si l’on préfère. Une fois que la démarche administrative aura été effectuée par le citoyen, ce sera à l’État de coordonner, en interne, ses services entre les différents ministères concernés par ladite démarche.

 

Des écoles destinées à former les cadres intermédiaires de la Nation


La France souffre d’une absence d’intermédiaires entre les hauts fonctionnaires et ceux de « la base », qui sont au moins aussi indispensables que les autres. Ainsi, s’il faudra effectivement repenser les missions de l’E.N.A. pour que cette dernière soit exclusivement tournée vers la haute fonction publique et non vers des intérêts privés, cela ne suffira pas. Nous avons besoin d’un corps de fonctionnaires intermédiaires mais également polyvalents, ne serait-ce que pour répondre aux exigences du guichet unique.

C'est la raison pour laquelle je propose la mise en place de nouvelles écoles d’administration intermédiaire ou E.A.I. Ceux qui en sortiront devront être capables de seconder efficacement les énarques au sein de la fonction publique. Il est vrai qu’il existe déjà des écoles de ce type, ce sont les I.R.A. (instituts régionaux d’administration) mais, s’il faut s’appuyer sur ces dernières, force est de constater qu’elles sont insuffisantes et ce pour plusieurs motifs. Tout d’abord il n’y en a que cinq, il en faudrait au moins deux fois plus si l’on veut suffisamment de fonctionnaires qualifiés. La deuxième faiblesse de ces écoles tient au fait qu’elles ne forment que des cadres de catégorie A alors que les fonctionnaires intermédiaires sont issus de la catégorie B. Il est impératif que ces deux types de fonctionnaires se côtoient pour la bonne marche de l’État. Enfin, l’enseignement dispensé dans ces écoles, souvent lacunaire, n’est pas réglementé par l’État de façon claire, ce qui fait qu’il n’y a pas de réelle uniformisation des I.R.A.

Ces écoles régionales sont donc à saluer mais aussi et surtout à améliorer, car rétablir la continuité de la fonction publique et donc de l’État doit être, pour nous, un objectif prioritaire. Si les hauts fonctionnaires ne doivent rien ignorer des réalités locales, les plus humbles d’entre eux sont en droit de savoir de quelle manière  ils sont dirigés par leurs supérieurs. Un soldat n’obéit qu’à un officier qu’il connaît et respecte.

 

Retrouver un découpage territorial digne du génie français

 

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L’État en « majesté » 


Renouer le lien entre l’État et le citoyen est une nécessité et cela passe aussi par un nouveau redécoupage territorial. Restaurer un État fort ne suffit pas, il est nécessaire que ce dernier ne subisse pas la concurrence de féodalités locales, à l’image de ce qui se passe en Espagne, notamment, c’est pour cela que j’ai parlé, de façon provocatrice j’en conviens, d’État en « majesté ».

C’est pour cela que je ne souhaite conserver que cinq échelons administratifs. Le premier de ces échelons est bien entendu l’État lui-même. Il me semble pertinent de supprimer ceux qui ne font que renforcer, à mon sens, les féodalités dont je parlais précédemment qui sont, par nature, les ennemies de la République une et indivisible. Ayant déjà suggéré des pistes pour le réformer en profondeur, il ne me semble pas opportun de développer davantage cet échelon, surtout que sa pérennité ne fait pas débat entre nous, les républicains.

 

Les zones : des « super-régions » administratives   

 

Le deuxième échelon qui m’intéresse n’existe pas encore, ni dans son appellation, ni même dans son concept puisqu’il s’agit de la zone. Cette dernière est destinée à remplacer les actuelles régions qui ne conviennent pas car certaines sont trop petites pour coiffer réellement les départements, tandis que d’autres, par leur taille et leur budget sont de facto des concurrentes de l’État. En outre, si certaines régions n’ont aucune légitimité, comme la région Centre, d’autres défient l’État central par leur fort héritage médiéval. Il est ainsi difficile de ne pas penser au duché de Bourgogne, ennemi du royaume de France, lorsque l’on évoque la région Bourgogne-France-Comté.

 

La dénomination de « zone » ne suscite aucun enthousiasme et en réalité, cela ne doit rien au hasard. Effectivement, contrairement aux régions, cette nouvelle entité administrative n’a pas vocation à éveiller le moindre sentiment identitaire parmi ses habitants. Il s’agit, une nouvelle fois, de protéger l’État central. Dans mon esprit, elles ne sont conçues que comme un lieu de transmission de la politique de la Nation. L’Empereur disait que « la politique d’un État est dans sa géographie » or, la France, de par sa forme hexagonale, permet et même nécessite une forte déconcentration.  Cette dernière repose sur un pouvoir central pleinement souverain, mais aussi sur de puissants relais en province. Le fonctionnement de ces zones devra donc être déconcentrateur tandis que les régions actuelles incarnent la décentralisation.

 

Pour que l’État dispose d’un outil efficace lui permettant de connaître au mieux les besoins du Peuple, j’envisage la création de six zones que voici : Paris, Nord-ouest, Nord-est, Sud-ouest, Sud-est et Outremer. Rappelons que les zones sont conçues comme un échelon interne à l’État à vocation strictement administrative. À leur tête se trouveront des préfets de zone.

 

Les départements : les Atlas de la République

 

Sans surprise, le troisième échelon de cette nouvelle logique territoriale est le département. Comment pourrions-nous nous passer, nous les jacobins, de ce pilier, que dis-je, de cet Atlas de la République ? J’emploie le terme d’Atlas car, à l’image de l’infortuné titan Atlas, qui fut contraint par Zeus à porter la voûte céleste, les départements portent la République. Beaucoup de ceux qui veulent les supprimer ont justement conscience de leur importance, c’est pourquoi tout républicain se doit de défendre leur existence pour au moins deux raisons, que j’entends exposer ici. Tout d’abord, cette structure est très populaire auprès des Français. Cependant, grâce à sa taille, elle ne constitue pas une menace pour l’influence de l’État. En outre, elle est extrêmement pertinente au sein du maillage administratif de notre pays car elle constitue une excellente interface d’échanges entre le citoyen et la Nation.

 

Si les départements doivent être conservés, il conviendra cependant de les modifier en profondeur. Certains seront sans doute appelés à fusionner avec d’autres ou au contraire à se diviser pour atteindre un seuil démographique à définir. Tous les départements devront respecter ce seuil pour permettre une juste répartition des moyens entre eux et ainsi assurer la péréquation républicaine. De plus, tous devront disposer d’un certain nombre de services accessibles à tous. Une considérable amélioration des transports en commun devra être envisagée en ce sens. Bien entendu, il faudrait dresser une liste exhaustive des services à mettre en œuvre. Hélas, ne disposant pas d’appareil statistique, je ne le peux point. Mentionnons tout de même ici les plus importants : un hôpital avec une capacité d’accueil suffisante pour traiter les pathologies les plus courantes, un atelier national permettant aux chômeurs de retrouver un emploi tout en servant la Patrie et une caserne militaire, non pour mettre en place un État policier, mais pour pouvoir porter secours aux populations en cas de sinistre et ainsi soutenir l’action des pompiers. Il va de soi que les préfets continueront à assurer la direction de cet échelon. Néanmoins, certaines prérogatives des conseils départementaux devront être revues.

 

Les arrondissements ou la nécessaire continuité administrative

 

Le quatrième échelon à considérer est celui constitué par les arrondissements. En réalité, l’arrondissement est en concurrence avec le canton, il a donc fallu faire un choix pour éviter un doublon administratif. J’ai retenu l’arrondissement pour deux raisons : d’une part le canton me semble être trop proche de la commune pour en faire un échelon pertinent et d’autre part, l’arrondissement est, lui, à « équidistance administrative » entre la commune et le département, ce qui lui permet de seconder efficacement ce dernier.

 

Les nouveaux conseillers départementaux seront à élire en leur sein. Il n’y aura donc plus qu’une liste par arrondissement, simplifiant ainsi le scrutin de manière appréciable. Comme aujourd’hui, ils seront dotés d’un sous-préfet et d’une sous-préfecture. La sous-préfecture devra par ailleurs être revalorisée pour être capable de faire face aux démarches administratives les plus communes. Pour obtenir des arrondissements relativement semblables, administrativement parlant, il faudra, comme pour les départements, retenir un seuil démographique à déterminer.

 

Les communes ou le commencement de la Nation

 

Une réforme territoriale qui ne prendrait pas en compte les communes ne serait pas complète. Il faut bien entendu les conserver. Toutefois, là encore, des modifications s’imposent. Il est impératif d’en réduire le nombre en s’appuyant sur ce principe : là où il y a continuité morphologique, il ne devra plus y avoir qu’une seule municipalité. En vertu de ce principe, les communautés de communes, d’agglomérations ou autre métropoles n’ont plus lieu d’être. En fonction de sa taille, une commune pourra donc être comprise dans un département ou un arrondissement ou bien, au contraire, être elle-même divisée en départements ou arrondissements, si l’importance de sa population l’exige.

 

Un changement institutionnel me semble également indispensable. Comme pour le département, qui disposera d’un conseil départemental et d’un préfet, j’estime qu’il faut à la commune une direction bicéphale : l’une émanant de ses habitants et l’autre de l’État. S’il faut bien entendu maintenir les conseils municipaux, ces derniers devront être, dorénavant,  dirigés non plus par des maires mais par des présidents de conseils municipaux. La fonction de maire perdurera mais sera repensée pour être celle d’un représentant de l’État à l’échelle communale, à l’image du maire napoléonien, déjà théorisé par Saint-Just. Puisque le maire sera un représentant de l’État, il sera nommé par le sous-préfet et dépendra directement de celui-ci. L’État disposera ainsi de rapports détaillés lui permettant de connaître précisément les réalités locales et d’y répondre au mieux. L’une des attributions du maire, dans les petites communes, consistera à s’occuper des démarches administratives des personnes ne pouvant pas se rendre en sous-préfecture.  

 

 

 

Penser l’organisation du territoire français, c’est d’abord rapprocher l’État du citoyen. Contrairement à ce que pense la majorité de la classe politique, la décentralisation a fait tout l’inverse puisqu’elle a contribué à enclaver certains endroits au bénéfice de barons locaux. Les citoyens, n’ayant pas la chance d’être représentés par des responsables à la hauteur, n’ont alors eu d’autre choix que de compter sur eux-mêmes puisque l’État s’est massivement désengagé de la gestion du territoire, au profit de collectivités locales hétéroclites. C’est pour cela qu’il me semble pertinent de proposer la fusion de toutes les fonctions publiques en une seule afin de montrer que l’ensemble des fonctionnaires forment un corps soudé n’ayant qu’un but : servir le pouvoir central. Le principe du guichet unique est au contraire là pour incarner la subordination de l’État à l’intérêt général, c’est-à-dire au service des citoyens. Ainsi, si je souhaite que l’État soit très puissant, c’est uniquement pour qu’il puisse servir correctement les intérêts de la Nation. C’est aussi le sens des écoles administratives intermédiaires car, pour que l’État soit puissant, il est nécessaire qu’il puisse compter sur des relais efficaces à tous les échelons administratifs.

 

Le découpage territorial proprement dit doit, bien évidemment, être guidé par la même logique. C’est pour cela que la substitution des zones aux régions est indispensable. Non seulement les zones ne font pas d’ombre à l’autorité centrale mais en plus elles la secondent bien mieux. Elles sont en effet un parfait intermédiaire entre ladite autorité centrale et les départements. Ces derniers sont essentiels dans la mesure où ils constituent un point de repère pour nos concitoyens et où ils font véritablement vivre la République. Les arrondissements, s’ils sont plus méconnus, restent fondamentaux puisqu’ils permettent de soulager administrativement les départements par l’intermédiaire des sous-préfectures ; mais aussi parce qu’ils seront la circonscription électorale des futurs conseillers départementaux. Les communes constituent l’échelon administratif de base de notre république et sont donc le lieu d’expression le plus familier de nos concitoyens. C’est la raison pour laquelle il me semble impératif que l’État y ait des représentants. Le citoyen pourra ainsi s’adresser directement à eux en cas de besoin. Si j’ai voulu assurer, via ces propositions, la continuité de l’État, c’est parce qu’il est le seul à pouvoir assurer la cohésion nationale qui est, j’en suis convaincu, le bien le plus précieux de tout républicain sincère.

 

Charles-Louis Schulmeister,

le 16 floréal de l’an CCXXVII de la République française


05/05/2019
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La politique du chiffre

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Force est de constater que ces dernières années, la réussite de bien des politiques publiques se mesure à l’aune d’objectifs chiffrés. Ces résultats ont, petit à petit, remplacé les longs discours politiques jugés, parfois à raison, vides et sans prise avec le réel. Aujourd’hui, il faut du « concret » pour satisfaire les intérêts de tel ou tel ministre.

 

 

Dans ce contexte, quoi de mieux que le chiffre ? Ainsi, il ne s’agit pas de savoir ce qui a été fait en 2018 pour éviter les accidents de la route, de vérifier si ces accidents sont plus ou moins graves que ceux de l’an passé. Non, ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y en a eu 3 259. 3 259 ? C’est 189 de moins qu’en 2017. Voilà, le débat est clos.            
J’exagère sans doute, mais tout de même, l’hégémonie du chiffre et la déchéance du verbe, voilà qui caractérise bien notre société post-moderne. Cette suprématie du chiffre dans l’évaluation de l’action de l’État est aussi, sans doute, l’une des conséquences de l’informatisation des services publics, où chaque information est retranscrite par un chiffre avant de pouvoir être transmise ailleurs. Les mots eux-mêmes ont dû courber l’échine face aux statistiques. En effet, l’analyse de toutes les doléances, si j’ose dire, rédigées à l’occasion du grand débat national, ne s’est-elle pas faite de manière comptable, en utilisant la technique du nuage de mots ? L’on s’est donc contenté de noter les mots qui revenaient le plus souvent, sans s’intéresser au contexte dans lequel ils étaient employés. Certains diront sans doute qu’une telle analyse aurait nécessité plusieurs années et que nous n’avons pas le temps. Pas le temps ? Pas le temps en effet pour que le pouvoir actuel récolte les fruits médiatiques de ses circonvolutions politiques. Ainsi, il n’y a plus de doute possible, le chiffre est l’allié de cet ennemi invisible qu’est la dictature de l’instant et à laquelle nous sommes tous soumis, politiques, journalistes, ou même fonctionnaires.

 

 

La République jacobine devrait-elle donc se passer de tout outil chiffré ? Évidemment, en homme gouverné par le logos, je ne peux répondre que par la négative. L’étude de données quantitatives et sériées est nécessaire pour se faire une première idée sur la nécessité de mettre en place telle ou telle politique publique. Cette même étude est toute aussi indispensable pour apprécier au mieux son efficacité. Je ne parlerai pas ici de l’efficience qui répond, elle, à une logique purement comptable. En outre, nos systèmes d’information contemporains permettent de croiser ces données chiffrées pour constituer des agrégats. Ces derniers permettent en effet de se faire une idée relativement précise sur l’état d’une politique publique donnée. En somme, le problème ne réside pas dans les outils statistiques eux-mêmes, mais bien dans la charge sacrée que l’on y met. Par le passé, l’on a beaucoup raillé le positiviste Auguste Comte et ses disciples. Ces derniers avaient en effet évacué le pourquoi pour ne conserver que le comment. Si l’on veut bien y réfléchir, agissons-nous différemment aujourd’hui avec les divers agrégats qui nous sont proposés ?            
Le problème majeur causé par cette réalité froide et objective, c’est qu’elle n’est qu’un leurre. Elle n’est en effet qu’un confort de l’esprit car une statistique n’est jamais qu’une réponse à un indicateur. Malheureusement, le choix de retenir un indicateur plutôt qu’un autre est tout, sauf objectif. Il est le fruit, en dernier ressort, du choix d’un être humain et de son hubris subjective. Il n’est donc pas possible de regarder le chiffre comme la divinité des temps nouveaux en laquelle il n’y aurait pas d’autre choix que de croire, sous peine de sombrer dans la démence.    

 

   

Face à ce terrifiant constat, qui nous laisse seul face à notre propre finitude, que peut-on faire, nous, pauvres mortels que nous sommes ?    
Il n’y a évidemment pas de solution parfaite. Je pense cependant que le génie jacobin réside en une proposition de synthèse. Ainsi, si la Monarchie reposait sur l’alliance du trône et de l’autel, la République se doit de réconcilier le chiffre et le verbe. Nous devons continuer à évaluer et à assurer le suivi de nos politiques publiques grâce aux systèmes d’information et aux agrégats donc nous disposons. En revanche, nous ne saurions nous fier aveuglément à eux.
Il faut donc que les discours et les notes retrouvent la place qui était jadis la leur. Ce ne sont donc pas les discours eux-mêmes qui sont à bannir, mais bien leur piètre qualité. Je reste persuadé qu’un discours de politique générale est bien plus approprié pour expliquer la vision politique que l’on entend mettre en œuvre, qu’un message en 140 caractères. Certains diront que de tels messages sont plus clairs. Admettons, mais il faut alors accepter d’être gouverné par des idées simplistes qui ne tolérent aucune nuance, aucune exception. Pour ma part, j’estime qu’une telle politique ne saurait être conforme à la Raison qui doit, seule, gouverner les intérêts du Peuple.                  
Les notes ne sauraient donc se limiter à illustrer et commenter des statistiques. Elles n’ont d’intérêt que parce qu’elles apportent un éclairage nouveau ou, a minima, complémentaire. Pour régler un problème auquel la Nation est confrontée, il conviendra donc de se référer aux outils statistiques quantitatifs dont nous disposons, puis de les confronter à diverses notes qui fourniront, elles, une nécessaire approche qualitative. Ce n’est que lorsque ces deux manières d’appréhender la politique publique concorderont que l’on pourra dire de l’administration qu’elle sait où elle en est à ce sujet.  

 

 

Assurément, une telle démarche prendra plus de temps, il ne sera plus possible de mettre en place des expédients pour satisfaire une basse communication politicienne. Au règne du court terme et du chiffre devra donc succéder celui du temps long et de la vertu républicaine. Alfred Sauvy ne disait-il pas que « les chiffres sont des êtres fragiles qui, à force d'être torturés, finissent par avouer tout ce qu'on veut leur faire dire. » ?        

 

 

Charles-Louis Schulmeister, 

Le 5 floréal de l’an CCXXVII de la République française 
 

 


27/04/2019
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